Interview avec Alexandrine Lao - CLIJEC

Par Le 14/02/2016

Dans Actu magazine

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Bonjour Alexandrine Lao, et mes meilleurs vœux pour l’année 2016. Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours ?

Bonjour Ulrich Talla Wamba, merci pour les vœux de l’année 2016 qui a déjà commencé il y a vingt jours. A mon tour de vous la souhaiter meilleure selon vos plus chers désirs.

Mon parcours littéraire a débuté en 1992 par ma première participation à un concours de poésie qui a été primé.

Nous connaissons le contexte littéraire difficile dans votre pays. D’où vous est venue, l’idée d’écrire ? Et où puisez-vous principalement votre inspiration ?

Je suis convaincue que de ma part le monde où nous évoluons tous à des degrés différents, notre égo ne pouvant se substituer en nous, est sensible à la haute dimension de notre sensibilité créative innée.

Il faut bien recadrer les choses. Il y a eu dans mon pays, des crises similaires récurrentes. L’amer souvenir des trois années scolaires blanches en continu de 1989 en 1992 a provoqué une léthargie culturelle et littéraire.

L’école étant le fondement culturel, psychologique et sociale, c’est la structure la mieux adapté de véhiculer à l’enfance et à l’adolescence les rudiments du savoir faire, du savoir être du savoir devenir de l’éducation parentale.

Malgré cette conception révélatrice de l’école, force est de constater que les écoliers, les élèves et les étudiants centrafricains, continuent de payer un lourd

tribut du fait de morcellement des programmes scolaires adapté au contexte de six mois de cours au lieu de neuf, validés par des diplômes entachés d’irrégularités de médiocrité ; ou à des passages en classe supérieure cousus de fil blanc.

La jeunesse désorientée, est rompue dans l’informel, galvaudant sa juvénilité dans le commerce ambulatoire pour sa pitance quotidienne, depuis bientôt quatre décennies.

J’ai si mal pour cet avenir si sombre de mon pays…mon optimisme intuitif me susurre que les consciences vont se réveiller pour bouter hors de nos contrées, ses dividendes insipides de l’impéritie.

L’idée d’écrire ? Et bien tout a commencé dans les années 1992. Pendant cette période, mon mari était en France pour ses études. Le Centre Culturel Français à l’époque par l’initiative du Ministre écrivain, feu Etienne Goyemide avait lancé un concours de poésie le 20 Mars. Je me suis inspirée de nos lettres qui a aboutit à une poésie très romancée : « Douleur de la Séparation » qui a reçu le 5ème Prix et L’encouragement du Jury.

Dans le contexte social qui est le nôtre, tout m’inspire à écrire, à raconter, à dessiner, à dire…l’inspiration m’enveloppe dans la quotidienneté  et je navigue dans ses senteurs captivantes…(Rires).

Est-ce qu’en plus de statut d’écrivain. Être femme, représente (ou a représenté), un atout (ou un inconvénient) pour votre carrière ?

Je ne pose pas la question…Etre femme…Ou se situe le problème ? C’est un constat naturel quand on amorce les premières années de la vie, de voir la différence entre un garçonnet et une fillette avec des conceptions infantiles. Non. Je ne suis inquiétée de rien…Etre femme.., Ma foi, je ne l’ai pas demandé, d’ailleurs à qui le demanderai-je ? Je suis femme par un concours de circonstances. J’y suis, j’y reste en prônant les valeurs positives qui sont les miennes en tant que femme. Je n’ai jamais opté pour la facilité ni d’un quelconque arrangement dans ma carrière de femme écrivain…Je me bats pour que la plume, ma plume et celle de toutes consœurs réactualisent le quotidien de la femme fusse-t-elle noire, blanche, jaune, rouge…

La question du féminisme, s’interpelle beaucoup dans vos œuvres, quelles en sont les raisons ?

Ah çà oui. La question du féminisme m’interpelle en tant que femme partisane de changement dans son milieu. Je suis dans le mouvement de la féminitude. Est-ce possible de ne pas en parler…De ne point parler de la femme, sa vie, son vécu, ses aspirations profondes, ses aliénations profondes, ses aliénations sociales…La femme est tout ; sans elle, la vie sera un vaste étendu de ténèbres mais combien lui revaudrai cela ? Qu’importe, mais cette page ou la femme est reléguée au plan z est révolue.

 

Lire la suite des échanges dans le Magazine du CLIJEC. N°004 - Janvier 2016