PAROLE A L'ECRIVAIN - ACT 5

Le 27/06/2015 à 15:02

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FIIAA - Schell Nsimeyong, rue après le Temple de - Yaoundé Durée : 02 Heures Libre et Gratuit

Le cri muet guillaume nanaNana  est l’auteur  du roman intitulé ‘’Le cri muet’’. Des écrits dédiés à tous ces gosses dont les regards ronds de douleur nous interpellent continuellement pleins de ‘’comment’’ et de ‘’pourquoi’’ désespérément muets.

‘’Le cri muet’’ ou l’histoire d’une vie !

Ce roman de 119 pages et publié en mars 2010, aux éditions CLE à Yaoundé, la capitale, est le récit du vécu d’un gosse en l’occurrence Patouki  à travers son enfance à Pandama, son village natal, ses malheurs successifs Goro-city même, puis ceux qu’ils rencontrent  dans la rue et passe au crible toute la vie de misère sociale dans un pays  où les enfants sont toujours à s’interroger sur leur avenir : « Nomtema, un enfant qui ouvre les yeux et ne voit pas son père, quelle est sa vie ? Quel est son avenir ?» s’interroge Patouki dans le roman.

Le récit est pathétique pour cet enfant qui ne sait pas grand-chose de ses parents « je me suis retrouvé un jour attaché à un coin de cette terre, sans que je sache pourquoi j’ai été placé en ce lieu, plutôt qu’en un autre. Je n’ai jamais connu mon vrai père. Mais j’ai eu trois pères avant même d’avoir l’âge de cinq ans, puis ma mère est morte. Mon dernier père a disparu comme les autres avant lui. J’avais sept ans », lit-on à la page 16

Plus bouleversante encore cette vie d’un enfant confié à une tante douée pour la maltraitance et qui ne manquait aucune occasion pour traiter son orphelin de neveu de bon à rien, non sans le condamner à tort ou à raison.   Le souvenir d’un triste événement taraude encore l’esprit du jeune Patouki, l’obligeant même à penser à recommencer une autre vie « je n’avais pas dix ans. Ce soir là, au moment de préparer le repas, ma tante constata que la calebasse qui contenait  les arachides qu’elle avait obtenu avec beaucoup de difficultés pour la soupe était vide… »

Imaginez la colère au paroxysme d’une femme qui ne se pose jamais de question « dans sa colère, elle ressemblait plus à une bête féroce qu’à un être humain » apprend-on de la bouche  du gosse qui a vécu ses moments des jours durant et à la fin « je me sauvai, je m’enfuis de chez elle...c’était le seul moyen, si je voulais commencer une nouvelle vie » Patouki est bien « Je ne reviendrais jamais ! Me dis-je. Quoiqu’il arrive. Que je meure, si ne teins pas ma promesse ».

Commence alors la vie de nanga-boko et ses réalités. Une vie de rue où l’on est partagé entre manger n’importe quoi  et mourir de la famine face à l’indifférence du monde.  Une vie pourtant bien menée avec ses règles et ses lois. « Nomtema, dans la rue, notre loi est fondée sur les rapports de force.» Et comme si cela ne suffisait pas, d’autres ingrédients s’ajoutent, drogue, rafle et la liste est bien longue. Triste réalité d’une vie sans lendemain !

Il faut peut être écrire ! C’est justement ce passage à l’écriture comme seul exutoire dans une société où dominent  uniquement les rapports de force  et l’absence de tout questionnement que nous décrit Guillaume Nana  qui écrit pourtant à propos de Patouki, le paradoxe d’une vie au bout, la réalité d’une société qui oublie que « Les enfants de la rue risquent de s’aigrir et de retourner leur frustration contre ceux qui les ont délaissés, voire contre la société toute entière. N’y a-t-il pas à redouter que, livrés à nous-mêmes, nous ne devenions des adultes plains de haine ? Et quelle armée pourrait arrêter une horde de morts-vivants ?.

Or le statut spécifique de Patouki  de nanga-bolo ayant mis des mots sur sa souffrance, qui  prend la parole malgré l’esprit rigide du code social dont il est issu, lui permet d’exorciser son amer destin  non sans s’interroger « …Au fond depuis que l’on organise des séminaires  sur les enfants de la rue, qu’on a passé en revue tous les aspects de notre lamentable condition, qu’est-ce qui a vraiment changé pour nous ?  Pas grand-chose… Nous sommes toujours pauvres, affamés et sans abri », pense-t-il à juste titre.

Grande interpellation en somme

Petite biographie de l’auteur

Guillaume nana_CLIJEC

Enseignant de formation et ancien employé au ministère de la culture au Cameroun, Guillaume Nana s’est déjà distingué par la publication de quelques ouvrages sur le sens de la tradition orale on peut citer ‘’Grains de poussière’’ publié aux éditions clé en 2005, ‘’André Marie Tala, le verbe et la guitare’’,  publié à la même année par l’association proximité, le cri muet achevé d’imprimer  en mars 2010.

De l’oralité par l’étude de diverse composition de la littérature camerounaise transcrite dans les langues maternelles mais aussi avec un regard critique sur les mécanismes qui président depuis des lustres dans la structure sociale traditionnelle, Guillaume Nana prépare la sortie des ‘’proverbes des grassefields ou le reflet des mœurs Binam’’.

Alphonse Jènè, Ai Douala

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